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S’adapter au réchauffement de la planète – le changement climatique ici et maintenant

La planète est déjà d’environ 1 0C plus chaude par rapport à la moyenne préindustrielle. Si toutes les promesses faites lors de la 26e Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques se concrétisent, la planète est en bonne voie de se réchauffer de 2,1 0C d’ici 2100[1]. Les ingénieurs canadiens doivent savoir que le réchauffement au Canada est, en moyenne, environ deux fois plus important que le réchauffement moyen de la planète[2].

Au niveau de réchauffement actuel, les conditions météorologiques extrêmes généralisées entraînent déjà une augmentation importante des catastrophes planétaires, lesquelles sont évidentes dans de nombreuses régions du Canada, notamment :

  • une chaleur extrême (par exemple, des températures record dans toute la Colombie-Britannique (C.-B.) atteignant jusqu’à 49,6 °C entre le 25 juin et le 1er juillet 2021, qui ont entraîné au moins 486 morts subites en cinq jours, soit près de trois fois le nombre habituel de décès pendant cette période[1]. La vague de chaleur n’a pas pu être évitée, mais les conséquences et les décès auraient certainement pu l’être);
  • les feux de forêt (exemple, le feu de forêt qui a balayé Fort McMurray en mai 2016 détruisant des maisons et des bâtiments et l’incidence sur la santé des feux de forêt prolongés dans tout le pays en 2019 et 2021);
  • la fonte du pergélisol (on estime que cela met en péril jusqu’à ⅓ des infrastructures arctiques);
  • les inondations (les eaux de crue ont emporté un certain nombre d’autoroutes en Colombie-Britannique et à Terre-Neuve en novembre 2021, des inondations majeures ont eu lieu au Québec en 2017).

Le réchauffement de la planète est irréversible. La réduction des émissions de carbone ne suffit plus à enrayer les effets du changement climatique et le défi consiste à agir de manière à ce que moins de personnes soient menacées par les conditions météorologiques extrêmes généralisées que sont les sécheresses, les inondations, les vagues de chaleur et les tempêtes.

Les ingénieurs sont bien placés pour être des chefs de file dans la lutte contre les changements climatiques.  Cette lutte doit être menée sur plusieurs fronts, en intégrant plusieurs aspects de la gestion des risques.  La plupart d’entre nous connaissent les actions à entreprendre lorsque nous sommes confrontés à un risque : accepter le risque (ne rien faire), l’éliminer complètement (résoudre le problème), gérer le risque ou le tolérer (vivre avec). Bien sûr, prendre le temps d’évaluer et de comprendre correctement et en profondeur les risques possibles est la première étape. Résoudre le problème consiste à maintenir l’augmentation de la température de la planète en dessous de 1,5 0C en réduisant les émissions de CO2 en temps opportun. Vivre avec le problème signifie que nous devons nous adapter à un climat plus chaud et aux conditions météorologiques extrêmes qui en découlent. Il est essentiel de dire ici qu’il s’agit d’une situation mixte : nous devons à la fois réduire l’augmentation de la température mondiale et adapter notre ingénierie.

« L’adaptation fait référence aux ajustements des systèmes écologiques, sociaux ou économiques en réponse aux stimuli climatiques réels ou attendus, de même qu’à leurs effets ou incidence. En termes simples, les pays et les collectivités doivent mettre au point des solutions d’adaptation et mettre en œuvre des actions pour répondre aux effets du changement climatique qui se produisent déjà, ainsi que pour se préparer aux répercussions à venir.

Les solutions d’adaptation prennent de nombreuses formes, en fonction du contexte unique d’une collectivité, d’une entreprise, d’une organisation, d’un pays ou d’une région. Il n’existe pas de solution unique : les mesures d’adaptation peuvent inclure la construction de protections contre les inondations, la mise en place de systèmes d’alerte précoce pour les cyclones et le passage à des cultures résistantes à la sécheresse, sans oublier la refonte des systèmes de communication, des activités commerciales et des politiques gouvernementales. De nombreuses nations et collectivités prennent déjà des mesures pour bâtir des sociétés et des économies résilientes, mais il faudra faire preuve de beaucoup plus d’ambition et prendre des mesures supplémentaires pour gérer les risques de manière rentable, aujourd’hui et dans le futur. [2]»

La sécurité des citoyens est la priorité de tout ingénieur et, dans le monde d’aujourd’hui, cela signifie prendre l’initiative d’adapter nos infrastructures pour faire face aux répercussions; cela signifie aussi de concevoir, localiser, relocaliser et innover pour les extrêmes, fabriquer des systèmes qui peuvent rebondir rapidement, former les étudiants pour qu’ils prennent en compte le coût total des projets, reconnaître que les citoyens peuvent être plus inquiets que jamais des menaces qui pèsent sur leur monde naturel et physique, soutenir tous les niveaux de gouvernement pour établir des normes résilientes et des politiques appropriées, ou créer de meilleurs systèmes d’alerte. En tant qu’ingénieur, faites-vous les bons choix pour un monde résilient? Quels sont les éléments supplémentaires à prendre en compte d’un point de vue technique, du budget aux coûts du cycle de vie complet, et qui doit participer pour établir au mieux les connaissances et les préoccupations locales, et pour fournir une expertise fondamentale beaucoup plus large? Le « Guide national sur le développement durable et la gérance environnementale à l’intention des ingénieurs d’Ingénieurs Canada »[3] constitue un excellent point de départ.

Alors que le futur ses rapproche, il est possible de planifier et de mettre au point des stratégies d’adaptation au réchauffement de la planète. Concevoir des infrastructures capables de résister aux perturbations climatiques, de s’en remettre rapidement et de s’adapter aux conditions changeantes. Dans la mesure du possible, il convient de construire des infrastructures capables de répondre à la fois aux besoins d’adaptation et d’atténuation.

 

Heather Kennedy, Fellow de l’ACG

et Eddy Isaacs, Fellow de l’ACG

Novembre 2021

[1] Reuters. « Deaths surge in U.S. and Canada from worst heatwave on record », https://www.reuters.com/world/americas/dire-fire-warnings-issued-wake-record-heatwave-canada-us-2021-06-30/ (consulté le 24 novembre 2021, en anglais seulement).

[2] United Nations Climate Change, « What do adaptation to climate change and climate resilience mean? », https://unfccc.int/topics/adaptation-and-resilience/the-big-picture/what-do-adaptation-to-climate-change-and-climate-resilience-mean (consulté le 24 novembre 2021, en anglais seulement).

[3] Ingénieurs Canada, « Guide national sur le développement durable et la gérance environnementale à l’intention des ingénieurs », septembre 2016. https://engineerscanada.ca/national-guideline-on-sustainable-development-and-environmental-stewardship-for-professional-engineers (consulté le 24 novembre 2021).

[1] Carbon Tracker, projections de réchauffement pour 2100, émissions attendues en fonction des engagements et politiques actuels, https://climateactiontracker.org/global/temperatures/ (consulté le 24 novembre 2021, en anglais seulement).

[2]  Bush, E. et D.S. Lemmen, éditeurs (2019) : Rapport sur le climat changeant du Canada; Gouvernement du Canada, Ottawa, ON. https://www.rncan.gc.ca/sites/www.nrcan.gc.ca/files/energy/Climate-change/pdf/RCCC_FULLREPORT-FR-FINAL.pdf (consulté le 24 novembre 2021).

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